Témoignage de Benjamin Orenstein, survivant des camps

Le vendredi 7 février, tous les élèves de troisième du collège ont eu l’immense honneur d’accueillir et de pouvoir écouter M. Orenstein, un des derniers survivants du camp d’Auschwitz, en Pologne.

L’article qui suit a été rédigé par Ana C. dans le cadre du Parcours Mémoire et Citoyenneté.

 

Témoignage de Benjamin Orenstein, ancien déporté

     M.Orenstein habitait à Annopol dans le Sud-Est de la Pologne. Il est issu d’une famille juive croyante et pratiquante qui comptait neuf membres : ses parents, ses trois frères, sa sœur, sa belle-soeur ainsi que sa petite nièce de sept mois.

      Une loi interdisait aux Juifs de travailler la terre. Les Juifs religieux ne se rasaient pas la barbe. Celle de son père était sublime, et avec sa sœur, ils la caressaient pendant des heures.

      En 1936, alors qu’il avait dix ans, l’antisémitisme montait en flèche en Pologne. Pendant les années qui suivirent, la Pologne devint très antisémite. Elle possédait la plus grande proportion de Juifs en Europe : trois millions de personnes juives pour environ trente-cinq millions d’habitants, ce qui représentait environ 11 % de la population.

      Lorsque la guerre éclata et que les Nazis envahirent Annopol, ils donnèrent l’ordre de brûler le pont en bois. On voyait la fumée s’élever dans le ciel, et la panique régnait dans le village.

      M.Orenstein s’est enfui avec sa famille hors du village. Après avoir inspecté les environs, ils revinrent à Annopol. Les Allemands étaient toujours là, mais ce n’était pas dangereux.

      D’après Hitler, les Juifs étaient complotistes et les Nazis les obligeaient à nettoyer les rues bien que ces ordres étaient généralement accompagnés de prises d’otages. Les Allemands qui occupaient le village attrapaient les Juifs et leur coupaient leurs barbes avec leurs baïonnettes qui enlevaient au passage un bout de leurs visages. Un jour, son père rentra sans la sienne et avec sa sœur, ils éclatèrent en sanglots.

      Il y avait, à Annopol, quatre chantiers où plus de quarante Juifs travaillaient chaque jour au service du Troisième Reich.

      En 1940, lorsque la Gestapo prit l’administration du village, tous les Juifs furent contraints de porter un brassard blanc avec l’étoile de David large de douze centimètres.

      Son cousin germain, Jacob Orenstein , fut abattu devant sa femme et ses deux enfants.

      En 1941, des ghettos ouverts furent créés. Mais les Juifs ne mouraient pas assez rapidement, selon les Nazis, alors en janvier 1942, lors de la conférence de Wannsee, il y eu la mise en place de la solution finale. En une demi-heure, il y eu plus de six millions de Juifs qui furent condamnés. M. Orenstein avait longtemps pensé que cette décision avait duré plusieurs jours.

      A six kilomètres, en amont d’Annopol, il y avait un bagne. Son père a été raflé puis interné dans un camp pour juifs. M.Orenstein, à quatorze ans, remplaça son père dans un camp. Les conditions de vie y étaient très difficiles. Il s’est enfui du camp avec un ami à travers les hautes herbes, et il retrouva sa famille.

 

« La Shoah est en moi, il n’y a pas un jour où je n’y pense pas. »

« Je ne peux pas oublier. »

« Les dates nous importaient peu. »

Benjamin Orenstein

 

      M.Orenstein s’engagea dans les campagnes afin de faire vivre sa famille. Il apprend à traire des chèvre et des vaches. Ce fut sa mission la plus sacrée à ses yeux. Un jour, le paysan le cacha ainsi qu’un autre comme lui. Il assista à sa première exécution.

      Les Polonais se sont conduits de façon horrible en collaborant avec les Nazis. En 1940, les Polonais firent des pogroms contre les Juifs.

      M.Orenstein fut déporté dans sept camps en tout avec en prime la marche de la mort : Auschwitz-Birkenau, Belzec, Majadanek (les déportés étaient gazés avec des pommeaux de douche), Chelmno, Sobibor et Treblinka.

 

« J’ai oublié l’essentiel. »

« Chaque phrase, chaque mot étaient dangereux. »

Benjamin Orenstein

 

      La mort guettait les Juifs pendant cette période. M.Orenstein était dans une petite baraque, dans laquelle des hommes se cognaient la tête contre le mur volontairement, ils ne pouvaient rien faire. Cette baraque était au bord de la route. Son frère a parlé avec son épouse. Ses paroles étaient étouffées par les larmes. Son père s’est approché et a dit à ses frères : « Surtout veillez sur le petit. ».

Puis, à la fin, il a dit : « Soulevez-le, je veux le voir. » . Et il dit à M.Orenstein : « Surtout obéis à tes frères et tout ira bien avec l’aide de Dieu. ». Il eut l’impression que c’était la dernière fois qu’il le voyait. Malheureusement, ça s’est avéré exact.

 

« Si je n’avais pas été aidé par mes frères, je ne serais pas là devant vous. »

« En entrant j’étais Benjamin Orenstein, en sortant j’étais B4416. »

Benjamin Orenstein

 

      A Auschwitz-Birkenau, il devint le matricule B4416.

 

« La mort rodait dans ce camp. »

« Je n’ai jamais vécu l’adolescence, je suis passé de l’enfance à l’âge adulte. »

Benjamin Orenstein

 

      Selon lui, il y avait trois souffrances : la faim, la soif et la peur qui laisse des traces à tout jamais.

      Quarante-huit ans après la découverte des camps, M.Orenstein commence à témoigner.

 

« Puisque ça a eu lieu, ça peut revenir. »

« Si une décision est contre votre conscience, dites tout de suite non, après c’est trop tard. »

Benjamin Orenstein

 

 

Ana C., 3ème3