A la découverte de « la traversante des Passants » avec l’association « la place du Pont »

Dans le cadre des “vacances apprenantes”, des élèves de 5e et 4e ont visité le lundi 6 juillet 2020 la Guillotière avec Mme Antona, de l’association “la place du Pont”, afin de découvrir l’histoire très particulière de ce quartier :

La Guillotière a toujours été un quartier marqué par l’immigration. Le chemin que nous avons emprunté pour découvrir le quartier est un chemin très ancien en arc de cercle appelé “la traversante des Passants”, c’est à dire des migrants. C’est ainsi qu’on les appelait au Moyen-Age. Il permettait de contourner la place du Pont, qui était un grand carrefour de routes en étoile très animé, avant de pouvoir traverser le pont de la Guillotière. L’autre pont sur le Rhône se situait à Avignon. Le pont fut construit en dur au XIIIe siècle,après l’effondrement du pont en bois lors du passage des armées de trois rois se rendant à la croisade au XIIe siècle. Sur le pont se trouvait le péage (douane payante) pour entrer dans le royaume de France. La rue de la Barre actuelle tire son nom de la barrière qui marquait la limite. Le pont arrivait jusqu’à la place du Pont autrefois car les berges étaient régulièrement inondées vers le port aux bois (la fosse aux Ours aujourd’hui), avant la canalisation du Rhône par des digues. Le quartier portait le nom de Bêchevelin, qui désigne une région agricole en bords de Rhône. Les bêches étaient également  les nom des barques utilisées pour traverser le Rhône. Le tracé du Rhône était différent avec des îles appelées brotteaux entre lesquels serpentaient des ilônes (bras du Rhône). La dernière grande inondation date de 1856.

Ce quartier a toujours eu une tradition d’accueil. Les migrants, les pauvres et les malades étaient accueillis et soignés à l’hôtel du chapeau rouge, ainsi qu’à l’hôtel-Dieu ( l’hôpital) construit au XIIe siècle.

Ce quartier est marqué également par la résistance. Pendant la 2e Guerre mondiale, de nombreux résistants ont trouvé refuge dans ce quartier où ils pouvaient s’échapper par les passages permettant de traverser un immeuble pour déboucher sur la rue voisine, les traboules, et échapper à leurs poursuivants, les Allemands ou la Milice créée par le gouvernement de Vichy. Jean Moulin avait plusieurs planques rue Paul Bert.

Ce quartier a été menacé de démolition dans les années 1980 car il était atypique avec une forme de triangle parfait alors que le reste du quartier avait un plan damier datant du XIXème siècle. Nous avons pu visiter les sous-sols du célèbre magasin Bahadourian spécialisé dans les produits orientaux qui fournit les plus grands restaurants. Son fondateur Djebraïl Bahadourian a trouvé refuge à Lyon après le génocide des Arméniens dans l’Empire ottoman en 1915. Il possède des caves de plusieurs immeubles communicants entre elles, où nous avons observé les marques laissées par les tailleurs de pierre qui ont construit ce quartier avec des fondations très solides, qui ont toujours résisté. Un certain nombre de monuments ont cependant été démolis. Par exemple, la fontaine de la place Guichard, le cirque des Rancy sur la place Bahadourian, ou encore le théâtre de l’Eldorado, pourtant classé.

L’association “ la place du Pont” a permis d’obtenir de faire classer le quartier pour éviter sa destruction.Ils organisent aujourd’hui des visites pour faire connaître son histoire.

Les élèves de 5e et 4e participants et Mme Rey-Van Proeyen vous remercient pour cette visite passionnante!