Témoignage de Claude Bloch, déporté à Auschwitz, auprès des classes de 3e

Mardi 13 mars 2018, les élèves de 3e ont eu la chance de rencontrer Claude Bloch, déporté à Auschwitz, qui est venu leur transmettre un témoignage historique exceptionnel.

Né en 1928 à Lyon, Claude Bloch est élève en 1ère année au lycée la Martinière en 1944. Sa mère a perdu son travail à la préfecture à cause des lois antisémites de 1940, qui excluent les Juifs de la fonction publique. Conscient des menaces d’arrestation, il se déplace en vélo pour échapper aux rafles dans les transports, ne traîne pas avec ses amis sur la place des Terreaux pour éviter les contrôles de police. En février 44, sa grand-mère apprend que de grandes rafles se préparent. Ils décident de partir et louent un petit appartement dans les environs de Lyon, à Crépieux, mais continue à aller au lycée à Lyon, malgré les contrôles dans le bus. Ils ne se déclarent pas comme Juifs et son grand-père maquille sa carte d’identité en transformant son nom en « Blachet ». En mai 44, leur appartement de la rue Franklin à Lyon est pillé par la Milice, qui en fait un de ses bureaux.

Il est arrêté le 29 juin 1944 avec sa mère et son grand-père, par Paul Touvier, chef de la Milice. Sa grand-mère échappe à l’arrestation. Emmenés dans un local de la Gestapo à Bellecour, sa mère et son grand-père sont interrogés. Ce dernier décède pendant l’interrogatoire, il ne saura jamais ce qui a été fait de son corps. Claude Bloch est d’abord interné à Montluc dans la « barraque aux Juifs » puis à Drancy avec sa mère. A Auschwitz, sa mère lui sauve la vie en le le poussant dans la file des hommes, et le pantalon long qu’elle lui a demandé de mettre avant de partir lui permet d’échapper à la sélection pour la chambre à gaz. Il ne la reverra jamais.

Face à l’avancée des troupes russes, les S.S décident d’évacuer une partie des détenus en train de marchandises au camp de Stutthof vers la mer Baltique. Après l’armistice, la Croix Rouge le prend en charge et il est soigné en Suède pendant plusieurs mois. Le médecin lui avouera plus tard qu’il lui donnait à peine 24h à vivre lorsqu’il l’a vu pour la première fois…Très affaibli, il pesait 30 kg seulement et avait besoin d’un traitement pour soutenir son coeur. Seuls 3% des Juifs déportés ont survécu.

Il parvient à recontacter sa grand-mère à Lyon, qu’il retrouve à son retour le 22 juillet 1945. Grâce à la ténacité de sa grand-mère, il parvient à se réinscrire à la Martinière (qui ne veut pas le reprendre au départ, pensant qu’il a séché les cours!). Il est très difficile pour les déportés à cette époque de faire comprendre ce qu’ils ont vécu…mais il reprend courageusement ses études et devient comptable en 1948.

Depuis une vingtaine d’années, il témoigne régulièrement devant les classes de 3e. Il aura 90 ans cette année!

Les élèves et personnels l’ont remercié collectivement et plusieurs sont venus discuter avec lui après la conférence, très impressionnés par ce témoignage poignant.

                                                                                                          Mme Van Proeyen, professeure d’Histoire.